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L'atelier d'écriture clandestin
2 février 2008

Douce rêverie...

Une chaude nuit d'été. Le bruit des insectes amoureux résonne sur la plage. Le vent doux fait bruisser les feuilles des arbres longeant la baie. La porte de la cabane claque derrière le couple tandis qu'il sort. Deux adolescents, dévêtus, courent vers la plage. Ils se bousculent et rient tout en courant. La lune et les étoiles éclairent les remous des vagues, faisant briller de mille feux la nuit, pour le plus grand plaisir du couple. Le reflet des cheveux dorés de la fille attire le regard du garçon et sa main s'y fourre pour la décoiffer. Premiers pas dans l'eau. Elle est tiède, une baignoire géante n'aurait pas meilleure température. Ils continuent de jouer et de se taquiner tandis qu'ils avancent et que leurs pas sont ralentis par l'eau. Arrivés à bonne distance, ils se lancent un défi et se mettent à nager droit devant eux.

Le jour se lève, à l'horizon. Ils parlent et s'amusent s'arroser en même temps qu'ils nagent. La fatigue ne se fait pas encore sentir.

Ils aperçoivent enfin la petite île. Ils savaient qu'elle était là et voulaient la rejoindre. D'un regard complice, ils se mettent à nager plus vite, à remuer les bras et les jambes avec plus de force.

Quelques minutes plus tard, couchés sur le sable, humides et soufflant, ils se tiennent par la main.

- Tu crois qu'il y a d'autres îles comme ça? Demande la jeune fille.

- J'sais pas. Peut-être, oui. Sinon les gens devraient s'ennuyer. Le garçon était ailleurs, en train de rêver tout en regardant les nuages apparaître doucement dans un ciel se bleutant tranquillement.

- Dis, tu sais combien de temps que ça fait qu'on est arrivé ici? La jeune fille semble ne pas vouloir se reposer, elle semble avoir des tas de questions à poser. Le garçon, quant à lui veut prendre son temps, en profiter, profiter de leur lien à tous les deux.

- Non, et j'm'en fiche pas mal en vérité. Si j'y pensais, ça voudrait dire qu'avec toi je vois le temps passer. Ce serait bien triste je pense. Non? Il tourne sa tête vers la jeune fille. Il espère qu'avec cette question elle comprendra où il veut en venir et cessera de lui poser des questions pour, elle aussi, profiter de ce début de journée idyllique.

Elle tourne la tête vers lui aussi et lui sourit.

- Tu ne sais pas non plus combien de fois tu es venu là alors?

Le sourire du jeune homme suffit à lui répondre. Il ferme les yeux et se laisse bercer par le bruit des vagues, profitant du petit vent doux qui lui caresse le corps. Il n'ouvre pas les yeux lorsque la main de sa compagne effleure sa peau, se promène sur son corps, traçant des sillons invisibles.

Il repense à la façon dont elle est apparue. Elle était en robe blanche, légère, prête à s'envoler au moindre courant d'air. Elle était belle et avait envie de profiter de la vie. Il l'avait accueillie dans sa cabane au bord de la mer avant de lui offrir une tasse de cacao fait maison. Ils avaient discuté durant des jours, pris le temps de se connaître, de se raconter leurs vies. Lui n'était pas très bavard en fait, mais il ne l'avait jamais vraiment été. Il préférait vivre au jour le jour et profiter de la vie telle qu'elle passait sous ses yeux.

Ils étaient ensemble depuis 3 mois, il le savait, mais l'aurait-il dit qu'elle aurait continué à le questionner. Alors il profitait. Se laissant aller au bonheur d'être avec cette fille superbe et aimable. Il se laissait aller aux caresses de plus en plus insistantes qui désormais étaient accompagnées de tendres baisers.

Le soir, ils retournèrent à la cabane, tous les deux heureux de la journée passée à s'aimer sur le bord de mer ou dans la mer, à regarder les nuages passer et à rêver. Ils auraient aimé vivre à l'époque de D’Artagnan, l'époque où les hommes portaient chapeau et épée pour aller au secours de belles femmes à robes splendides. Lui se voyait fier et héroïque, homme d'honneur et de cour. Elle se voyait femme de rêve, aux vastes robes toutes colorées et garnies de dentelles, à la mouche posée sur une poitrine qui ne mettrait pas tant de temps à pousser. Ils se seraient rencontrés dans un bal et y auraient dansé toute la nuit. Ils seraient partis dans les bois après avoir emprunté un fiacre pour y passer des heures à s'aimer avant qu'ils ne doivent se séparer à nouveau pour respecter leur emploi du temps respectif.

Ils discutaient encore lorsque la nuit tomba. Ils se préparèrent à manger, en entrecoupant leurs actions de baisers, de caresses furtives et de mots doux.

Lorsqu'ils se couchèrent dans la cabane, ils étaient heureux.

Le lendemain, ils décidèrent de jouer à cache-cache. Evidemment, ils agrémentèrent leurs règles de divers petits détails à même de leur donner envie de jouer.

Mais après une heure passée à attendre, la jeune fille commençait à s'inquiéter. Attendre encore ou partir? Elle décidait de rester quelques minutes encore sur place, pour voir s'il ne la guettait pas malgré tout. Toujours plus inquiète à mesure que les minutes s'écoulaient, elle sortit de sa cachette et appela son ami, son amour. Ses appels restaient sans réponses.

Elle fouillait les alentours lorsqu'elle prit conscience d'une chose affreuse. Elle n'avait pas revu la cabane lorsqu'elle était allée sur la plage. Courant sans prendre garde aux branches basses, elle arriva rapidement à l'endroit où elle avait dormi depuis quelques temps. Mais rien. Pas une trace de vie. Pas une trace. Rien.

Elle était désespérée. Cherchant en tout sens, sans parvenir à comprendre ce qui lui arrivait.

Après des heures de recherches, elle décidait de partir à la nage vers l'île. A mi-chemin, le ciel se couvrit, les nuages se firent gros et l'orage commença à gronder. La pluie se mit à tomber fort, les gouttes étaient froides. Le vent n'était plus doux, l'eau devenait plus agitée.

Elle se débattait et poussait de toutes ses forces avec ses bras et ses jambes.

C'est une adolescente épuisée et transie par le froid et la fatigue qui arriva sur l'île. Elle ne trouva pas son ami non plus.

L'orage ne cessait pas, il tonnait, la pluie trempait tout, faisant même des trous dans le sable à chaque goutte qui s'y écrasait. Elle dut se cacher, trouver un abri en attendant.

A l'hôpital, dans le bureau du médecin chef, le psychologue et le médecin accueillent les parents. La nouvelle qu'ils ont à annoncer est grave.

- Monsieur, madame. Nous vous avons demandé de venir, nous avons un gros problème avec votre enfant.

Le psychologue hoche la tête. Lorsque le médecin finit d'expliquer la raison de leur venue, le père est en colère et la mère sous le choc. Le psychologue prend le relais et tente de leur présenter la situation de façon claire et raisonnée. Mais les parents ne désire pas être clairs et raisonnés et demandent à voir leur fille.

Le psychologue se tourne vers le médecin. Ce dernier, à son tour, hoche la tête. Comme un automate, le psychologue guide les parents, le médecin fermant la marche.

Ils arrivent devant une pièce où se tiennent différents enfants, tous entre 10 et 15 ans. Des filles, des garçons, tous assis, debout ou couchés dans leur coin. Leur enfant est assis à une table, tassée dans sa chaise, le visage bloqué sur une expression de peur. En face d'elle, un garçon impassible est debout et regarde le mur.

Le médecin repousse gentiment quelques enfants avant d'arriver avec les parents et son collègue devant la jeune fille.

- Monsieur, madame, je ne comprends pas. Nous voudrions faire des tests, mais il semble ne faire aucun doute. Votre fille est enceinte.

- Mais... Comment une enfant dans son cas, que personne n'a jamais entendu parler ou n'a jamais vu bouger pourrait-elle être enceinte Bon Dieu! Vous pouvez me l'expliquer ça quand même! Ce n'est pas la Vierge! On tombe pas enceinte comme ça! Le père est énervé et sert ses poings. Les deux scientifiques le regardent, visiblement mal à l'aise.

- C'est pour ça que nous avons prévu de faire passer des tests à votre fille ainsi que deux gardiens de nuits. La mère le coupe. - Et vous aussi j'espère!

Le psychologue tente de rattraper la situation. Oui, tous les hommes présents à l'hôpital passeront le test. Nous tenons à éclaircir cette affaire au plus vite. Tournant la tête vers l'adolescente, il a un air vraiment désolé, il reprend un ton professionnel avant d'ajouter. Par contre, est-ce que vous l'aviez déjà vu avec cette expression sur le visage?

- Non, jamais. Peut-être qu'elle a conscience de ce qui lui est arrivé? Le père reprend son calme, mais garde les poings serrés et les yeux rivés sur sa fille.

Nous ne savons pas. Mais Dieu que nous aimerions discuter avec elle, comprendre comment ça lui est arrivé.

Pendant ce temps, une nouvelle fille arrive au centre. Elle aussi, dans le même état. Renfermés dans leurs mondes ces enfants n'ont jamais réussi à communiquer avec le monde extérieur. Nul n'est jamais parvenu à décoder leurs pensées, leurs émotions. Parfois ils bougent, parfois ils changent d'expression, parfois même ils émettent un son. Mais tout le reste du temps, il ne se passe rien, atrocement rien. Le visage du jeune à côté des adultes qui discutent au sujet de leur fille se fait souriant, légèrement souriant.

Dans le bureau du directeur de l'hôpital, un dossier le tracasse. Malgré différents tests passés au sein du personnel, personne n'arrive à comprendre comment les trois dernières jeunes filles arrivées au cours des 10 derniers mois ont pu tomber enceinte...

Sur une plage, un adolescent accueille la nouvelle arrivante.

- Salut! Ça te dirait un cacao fait maison?

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Commentaires
L
Bonjour,<br /> Suite à une discussion avec Aloaluil, à la lecture du commentaire juste au dessus et à l'avis d'mon "beauf'", je ne peux m'empêcher de rire.<br /> <br /> C'est la première fois de ma vie que:<br /> - Les gens ne lisent pas un texte jusqu'au bout et s'arrêtent à la première partie. Ils trouvent ça soit trop mièvre (genre qu'j's'rais un ado en mal d'amour), soit il pensent que la seconde partie sera du même acabit que la première.<br /> <br /> - Les gens, malgré la fin du texte, ne comprennent pas le sens du texte.. C'est quand même balèze. <br /> Y a des gens capables de penser que le jeune homme touche physiquement les filles pour les mettre enceintes (si si j'vous jure que c'est vrai^^), qu'il peut pas le faire dans la réalité... Sans Blague? Mais est-ce la question là? Est-ce qu'à un moment dans le texte, on voit l'enfant aller dans la chambre des filles? Non! Et pour cause, ça ne se passe pas dans la réalité!<br /> <br /> M'enfin... ça m'a franchement fait sourire, voire rire de lire/entendre certaines de ces critiques. Elles prouvent bien, mine de rien, qu'on a pas tous la même façon d'appréhender un texte, que nombreux sont ceux à lire un texte, à s'y transposer littéralement et à ne pas apprécier qu'il ne corresponde pas à leur perception (erronée) des choses de la vie...<br /> <br /> Bon voilà... C'était ma pensée du jour...<br /> Pour les frustrés en tout genre, je pense qu'un jour j'écrirais un petit texte se déroulant dans un lieu où je ne suis jamais allé et qui raconte comment une petite fille de 5 ans touche la main d'un garçon de 7 ans, bien qu'ils soient tous les deux au Zoo face aux singes (Quoi des singes dans un zoo où je ne suis jamais allé? Comment puis-je parler de ça?!)
A
Le rêve est souvent beau car il reste souvent à l'état de rêve et nous permet de rêver encore.
L
J'aime bien ce thème! (C'est marrant j'me souvenais pas d'avoir dit ça, et j'pensais à un thème en coccinelle, mais bon^^)...<br /> Bref, j'ai eu un flash en le lisant, trois quart d'heure plus tard j'corrigeais les fautes majeures du flash, et trois heures plus tard je chialais de n'avoir pas accès au net pour le gicler plus vite à la face du monde :p<br /> <br /> Bref, j'ai une autre idée, j'écrirais sans doute dessus tantôt:)
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